De retour dans le football à travers la tentative de rachat des Girondins de Bordeaux avec Oliver Khan, Jacques-Henri Eyraud dresse un bilan dramatique de la Ligue 1 et du football français. Pour lesquels il fait quelques propositions.
Jacques-Henri Eyraud veut une Ligue 1 à 16 clubs
Ligue fermée, wild-car, salary cap. Des mots qui font penser aux sports américains mais qui sont ceux désormais de Jacques-Henri Eyraud. L’ancien président honni de l’OM fait des propositions pour améliorer le football français dans son ensemble. Il aimerait la création d’une ligue fermée notamment : « J’appelle cela plutôt un championnat de l’élite. C’est le seul moyen d’arriver à plusieurs objectifs. Une plus grande solidarité entre les clubs déjà. Dans mon modèle idéal, on créerait une ligue professionnelle à 16 clubs. Ceux-ci auraient une licence club reposant sur des critères objectifs (taille du marché et de la population locale, performance sportive en Ligue 1 depuis 20 ans, communauté de supporters, audience TV et qualités d’infrastructures). J’octroie deux licences à des clubs parisiens, pourquoi ? Dans le sport, la notion de rivalité sportive locale est au cœur de l’intérêt du supporter. Chacun des participants recevrait le même montant de droits TV domestiques. C’est une manière d’arriver enfin à une vraie solidarité entre les acteurs, et cela permettrait d’avoir un alignement d’intérêts plus forts que ce qu’on connaît aujourd’hui » explique-t-il dans un entretien accordé à Challenges.
Tirer le football français vers le haut
Jacques-Henri Eyraud estime que ce format est nécessaire pour améliorer la compétitivité du football français en Europe : « Cela tirerait la LFP vers le haut car cela améliorerait la compétitivité générale du foot français. Dans mon modèle, il faudrait aussi finir avec des playoffs. Aux Etats-Unis, le vainqueur de la saison régulière devient champion entre 21 % du temps (pour la NHL) et 33 % du temps (pour la NBA) ou même 36% la NFL. Ce serait une façon de proposer aux diffuseurs, aux sponsors et aux fans, un spectacle qui serait très porteur d’intérêt. C’est le moment d’introduire ce type d’innovation. Ce système permet d’avoir plus de champions différents, plus d’incertitude, donc plus d’intérêt. Sur les 20 dernières années, le PSG a gagné dix titres sur douze, la Juventus, le Bayern, le Real Madrid et le Barça en Espagne trop souvent également. Ce système de playoff serait envisageable entre quatre et huit équipes. Dans ce modèle alternatif, les 4 premières places à l’issue de la saison régulière seraient conservées pour la qualification en coupe d’Europe. Le titre de champion serait ainsi accordé à l’issue de playoffs » ajoute-t-il.
Jacques-Henri Eyraud et la culture américaine
Et déjà très motivé par ses propositions, l’ancien président de l’OM répond aux critiques à venir : « Je sais très bien ce qu’on va me répondre : « ce n’est pas dans notre culture ». C’est la meilleure façon de couper court au débat. J’ai démarré ma vie professionnelle chez Disney, on m’expliquait que ce n’était pas notre culture avant l’ouverture de Disneyland Paris. Ce qui est certain, c’est que dès la première année, c’était la première destination touristique en Europe en 1992 avec 12 millions de visiteurs en Europe » estime-t-il avant de conclure : « Le conservatisme du football nous a amenés à une ligue qui perd 1,2 milliard d’euros chaque année. La Ligue 1 vend ses meilleurs talents en Europe pour équilibrer les comptes chaque année. L’amour de la tradition a créé le championnat le plus inégalitaire d’Europe, avec un seul club qui représente 34 % de son chiffre d’affaires. Si on peut être satisfait de cette situation, oui, alors il ne faudrait rien changer ».